METALLIAN Magazine - 2020
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Algérie … La révolution du metal !

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Algérie ...

La révolution du metal !

- Par Axel Meuriche -

Visite guidée avec Redouane Aouameur (Lelahell) & Harrag Bendameche (Algerian Metal Community)

Photos : Redouane Aouameur, Harrag Bendameche

 

Alors que “metaļ” et “Algérie” ne semblaient pas associables, des passionnés ont toutefois réussi à faire éclore une scène des plus intéressantes. En effet, bien qu'ils doivent faire face à de nombreuses difficultés pour se produire sur scène, ces militants persistent et encouragent même leurs amis à prendre les armes. Ainsi, ne soyez pas surpris de trouver dans les bacs quelques CD de metal “Made in Algeria” et de voir des festivités prônant une musique agressive et lourde poindre le jour ici en Afrique du Nord ! Une véritable révolution culturelle est en marche...

 

Comment est véritablement née la scène metal algérienne ?

Redouane : Au début, nous étions un groupe d'amis et nous partagions cette même passion pour le metal. Nous nous comptions sur les doigts d'une main, et nous avions décidé de former des groupes pour jouer ce genre de musique, sans penser qu'il y aurait une scène un jour. C'était un moyen de s'exprimer et de s'affirmer. Après, d'autres musiciens ont suivi et le metal est devenu aujourd'hui l'un des styles de musique les plus prisés par la jeunesse algérienne.

Quels sont les principaux groupes issus de cette scène ?

Nous allons revenir un peu dans le temps et parler des groupes qui ont marqué cette scène. Il y avait Rascass qui a sorti sa première démo et qui faisait un genre de speed heavy... Il y a eu juste après, Neanderthalia : premier combo à avoir foulé les planches d'une scène metal en Algérie. Sinon, on peut citer aussi Litham, la première formation qui réalisa un album commercialisé en Algérie, avec un clip qui est passé en “Prime Time” sur la télé nationale. C'est aussi le premier groupe algérien à avoir joué à l'étranger. Sinon, aujourd'hui, la scène actuelle compte peu de formations, car le problème majeur reste les salles. Les groupes n'ont presque pas d'endroits où jouer, c'est un problème qui existe depuis le début, mais qui n'a pas encore été résolu !

Dans un pays qui n'a pas été épargné par les extrémistes, n'est-il pas dangereux de faire du metal tout simplement ?

Nous avons commencé à jouer du metal au début des années '90, juste avant la décennie noire algérienne, et le metal a connu son âge d'or en Algérie pendant cette période. Nous savions que c'était dangereux à l'époque, mais nous étions de vrais passionnés, mordus de musique. Nous vivions notre jeunesse comme il se devait, sans se soucier vraiment du reste. Heureusement, nous n'avons pas été touchés par les extrémistes religieux, je pense qu'ils avaient d'autres chats à fouetter !

D'ailleurs, aujourd'hui, je pense qu'il est plus dangereux de jouer du metal à Paris qu'à Alger, n'est-ce pas ?

Il est difficile de produire de grands événements et de faire venir des groupes d'envergure internationale... D'autres pays musulmans comme les Emirats Arabes Unis par exemple, ont déjà organisé des gros festivals avec des groupes étrangers à l'affiche !

C'est tout d'abord une question de moyens, car pour faire venir des grosses pointures, il faut payer les billets d'avions et l'hébergement sans oublier les cachets. Mais en Algérie, le metal n'est pas soutenu par l'Etat et les sponsors ne vont pas mettre de l'argent pour ce genre de musique comme c'est le cas pour d'autres pays arabes. Il est donc très difficile de trouver des financements pour organiser ce genre d'événements. Il y a eu cependant le Lelahel Festival que j'ai organisé dans les années 2000, et qui a fait venir des groupes européens, mais c'était des groupes “underground”.

Parle-nous de ton groupe et de son rôle sur la scène algérienne ?

Lelahell est un combo de death metal que j'ai formé en 2010 en “one man band” et qui est devenu un groupe au complet en 2012. Nous avons sorti un E.P. en 2012 en Pologne sur le label Goressimo Records et un album en 2014 aux U.S.A sur Horror Pain Gore Death Productions. Nous avons fait aussi deux tournées européennes et nous ne comptons pas nous arrêter là car le deuxième album est en pleine préparation avec des dates européennes à venir ! Je pense que le rôle principal de Lelahell est de représenter le metal algérien dans le monde entier !

Comment t'es venu l'idée du documentaire, Highway To Lelahell ?

Ces derniers temps, j'ai été sollicité plusieurs fois par des jeunes qui voulaient faire des documentaires sur le metal algérien, mais rien de sérieux. Donc, je me suis dit pourquoi ne pas commencer à faire un reportage sur les vingt-trois années que j'ai passées à jouer cette musique en revenant sur les étapes marquantes du mouvement metal dans notre pays ? J'ai donc fait appel à un ami qui était aussi musicien dans un groupe de metal, et qui a une société de production audiovisuelle. Nous avons commencé à travailler sur ce documentaire qui n'a pas pris beaucoup de temps à réaliser : juste trois mois car j'avais tout archivé pendant toutes ces années, et quand j'ai pris le stylo pour écrire, tout est revenu comme si c'était hier !

Highway To Lelahell - An Algerian Metal Documentary

Les cinquante-deux minutes de ce documentaire tracent le parcours de Redouane Aouameur, personnage emblématique de la scène metal algérienne. À partir de nombreux témoignages, on y retrouve les problèmes rencontrés par les activistes de la scène pour faire vivre leur passion. Redouane, en tant qu'ambassadeur, nous fait également découvrir les principaux groupes qui ne demandent qu'à s'exporter. Un documentaire plutôt riche et instructif à la fois...

À voir sur YouTube...

www.youtube.com/watch?v=JR1wgJeJ6tA

 

C'était le 07 et 08 Novembre 2015 à Constantine Palais de la Culture / Centre Malek Haddad

La première édition du 213 Fest...

Harrag Bendameche : Le festival fait suite à une association d'idées entre les deux administrateurs de la page Facebook, Algerian Metal Community (moi-même et Hichem Kikai). L'objectif était de composer une affiche avec d'excellents groupes algériens, puis d'offrir aux fans présents une production sans faille : le tout pour "headbanguer” au rythme des guitares saturées et des darboukas rythmant les sons extrêmes... TRAXXX... L'honneur est donné au groupe de Tizi Ouzou, Traxxx (death mélodique), d'ouvrir les festivités du week-end. Autant souligner l'important potentiel de ce combo. Dès les premères notes, avec des titres tels que “1st November”, “Sawtou El Ahrar”, le public est conquis et se manifeste avec des applaudissements. La prestation et les riffs syncopés sont salués par de nombreux "pogos”, “walls of death”, “slams”, “stage dives”, etc. Ainsi, le groupe s'éclate avec des morceaux issus de son futur premier album, dont le fameux “I Hate” déjà présent sur les réseaux sociaux. Traxxx montre qu'il est possible de compter sur lui et il tient ses promesses sur scène...

ACYL... Place maintenant à Acyl ! L'ambiance est déjà à son paroxysme sur la longue intro : le groupe est prêt à faire surgir son metal expérimental ethnique. Acyl a concocté un gros show et il est bien décidé à en mettre plein la vue au public, notamment à grands renforts de projections de vidéos sur grand écran. Le tout est marqué par un rythme soutenu qui ne lâche rien dès l'intro “Gnaoua”, suivi de “Obduracy” au final grandiose sur le titre fort du combo, “Ungratefulness”. Acyl a proposé un superbe show réunissant tous les éléments qui rendent ce moment inoubliable !

FINGERPRINTS... Pour l'ouverture du deuxième jour, le groupe originaire de Guelma, Fingerprints, débute les festivités en montant sur scène pour délivrer son thrash façon “Bay Area”... Ça a de la gueule ! Le groupe se montre à la hauteur et sait enflammer le public, notamment sur le titre “New Blood & Last Word”...

NUMIDAS... Ensuite, c'est au groupe Numidas, originaire de T'kout / Batna, de monter sur scène. Il distille son rock sous influences des Aurès. Le public réagit au quart de tour, il danse, s'amuse et c'est partie gagnée avec un “set” basé sur la bonne humeur et des titres de qualité tels que “H’lil & Hduda”...

ARKAN... C'est au tour d'Arkan d'arriver sur scène ! Le groupe s'apprête à faire remuer la salle avec un show légèrement remanié en l'absence temporaire de Sarah, la vocaliste, remplacée pour le coup par une jolie jeune chanteuse ukrainienne,

Anastasia Malakhova. C'est sur "Origins” (“As Salam a likoum”) que le groupe débute son show suivi de “Inner Slaves”. Nous nous mettons dans le tempo avec les titres phares des albums Hilal et Salam... Arkan délivre un excellent concert tantôt death, tantôt plus heavy, le tout emmené par le charismatique Florent Arkan. C'est sur “Sweet Opium & Chaos Cypher” que le combo clôture la première édition du 213Fest... Toute bonne chose a une fin... À l'année prochaine !

Principaux acteurs ...

Groupes ...

LELAHELL (Alger) death metal

TRAXXX (Tizi Ouzou) mélo death

DEVAST ( Alger ) brutal death technique

NUMIDAS (T'kout / Batna) hard rock des Aurès

JUGULATOR (Alger) thrash metal

VOMIT GORE (Alger) death grind

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